Retrotopia
Avec la hauteur de vue qui le caractérise, Zygmunt Bauman évoque les conséquences de la mondialisation dont, au premier chef, les mutations de la haute sphère institutionnelle : "Nous avons affaire à un Etat primitif injectant de la violence dans nos existences et de la peur dans nos vies politiques (...) L'Etat est devenu un fourrier de l'insécurité et de l'incertitude (...) un fourrier parmi tant d'autres, mais probablement le plus efficace d'entre eux " (p.41). "Retour à Hobbes" - les individus sont désormais renvoyés à eux-mêmes -, "retour aux tribus" façonnées par Internet, "retour aux inégalités" et à la culpabilisation des plus faibles, tels sont les ressorts du funeste rétropédalage auquel nos sociétés se trouvent désormais confrontées. Ce dernier essai du grand sociologue ne se limite pas à offrir des clés de compréhension : il constitue une mise en garde troublante dont on on pourra tirer de nombreux enseignements. Volume refermé, on reste sidéré par l'incroyable lucidité du penseur.
Présentation de l'éditeur :
"Le livre testament de Zygmunt Bauman, l'un des plus penseurs les plus importants de notre modernité. Une alerte nécessaire sur la tentative de repli et d'idéalisation du passé qui caractérise notre époque.
À la mort de Zygmunt Bauman, en janvier 2017, Roger Pol- Droit soulignait dans le Monde que le lire, c'est toujours " rencontrer une éthique contemporaine sans dogme ni concession ". Philosophe et sociologue aussi érudit qu'inclassable, né en Pologne mais ayant vécu l'essentiel de son existence en Grande-Bretagne, cet intellectuel européen par excellence éclaire notre temps à l'instar d'un Norbert Elias ou d'un Georg Simmel. Rétrotopie, publié à titre posthume quelques mois après sa disparition, peut être considéré comme une manière de testament – et comme une mise en garde de poids.
C'est que Bauman, avant de disparaître, constatait partout un refus général de se confronter véritablement aux grands défis de ce xxie siècle naissant – et, notamment, aux questions soulevées par des flux migratoires. Partout, on observe l'avènement d'une forme d'aspiration rétrograde, la volonté d'en revenir à un passé plus ou moins mythifié : soit le meilleur moyen d'éluder les questions les plus brûlantes tout en entamant un processus de régression possiblement catastrophique. " Le défi de la modernité, nous rappelle Bauman, est de vivre sans illusion et sans être désillusionné. "
Il reste à relever et ce livre nous y aide puissamment."
L'auteur : Né en 1925 à Poznań et mort en janvier 2017 à Leeds, il enseignait notamment à l’université de Leeds. Bauman a été honoré de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le prix Theodor W. Adorno de la ville de Francfort-sur-le-Main (en 1998) et le prix Prince des Asturies, en 2013. Il est mondialmeent connu pour avoir élaboré, à partir des années 90, une critique aiguë de la modernité. On lui doit notamment l'idée que nous vivons dans des "sociétés" liquides, dénuées de structures communes solides et caractérisées par la toute-puissance d'un individu-consommateur laissé à lui-même.
Retrotopia
par Zygmunt Bauman
Traduit de l'anglais par Frédéric Joly
Editions Premier Parallèle
Isbn : 9791094841822 ; mars 2019 ; 250 pages ; 20 €