Razzia sur la Corse.
Le compte à rebours est commencé - plus que huit semaines avant la Corse ! - et voilà que tout se complique ( Voir plus haut : La Corse pour les Nuls ). Les éditions Fayard viennent, en effet, de publier un livre extrêmement détaillé sur les déboires de l'île de Beauté. Et bien, croyez-moi, ça décoiffe ! D'un côté, on ne s'amuse pas franchement là-bas, et de l'autre, je m'aperçois qu'il reste beaucoup à apprendre. Un exemple parmi d'autres : là où l'auteure évoque certains faits plutôt dérangeants : " En 15 ans, entre 1980 et 1995, un millier de villas et 350 établissements touristiques ont sauté..." ( p. 49 ), elle n'en souligne pas moins les bienfaits paradoxaux de la situation : "Les plasticages ont évité le bétonnage..." (p.52), ce qui a permis de préserver le littoral : un "atout" pour le tourisme dont je vais pouvoir profiter. Mais il y a un hic : moins soucieux de jouer les Robins des bois qu'autrefois, des protagonistes pour le moins douteux se sont entretemps reconvertis dans l'immobilier..., ce qui légitime l'inquiétude de l'auteure : "Combien de temps encore l'Ile de Beauté résistera-t-elle à la spéculation immobilière ?" (p.15)
Au final, cette enquête minutieuse constitue un véritable pavé dans la mare ; on doit s'asseoir d'abord pour réaliser ; et puis, on se dit : "Ah bon, c'est comme ça ..." Je vous recommande donc vivement ces pages extrêmement documentées, argumentées et fluides. Hélène Constanty est une auteure épatante qui n'a pas froid aux yeux. Bravo, c'est excellent !
L'auteure : Hélène Constanty est journaliste indépendante. Elle couvre l'actualité corse pour L'Express depuis plusieurs années. Elle a écrit plusieurs livres, dont Internet, les nouveaux maîtres de la planète (Seuil, 2000), Le Lobby de la gâchette (Seuil, 2002), Warren Buffett, l'investisseur intelligent (Eyrolles, 2005) et, avec Vincent Nouzille, Députés sous influences (Fayard, 2006).
Présentation de l'éditeur :
" Combien de temps le littoral corse résistera-t-il à la pression immobilière ? L’île de Beauté est encore remarquablement sauvage et préservée, comparée à la Côte d’Azur ou aux Baléares.
Elle était pourtant promise au même type de tourisme intensif. Dans les années 1960, des projets fous ont été stoppés net par la violence nationaliste. Les plasticages et le racket, rebaptisé impôt révolutionnaire, ont durablement découragé les investisseurs. Le conservatoire du littoral en a profité pour acheter et sanctuariser des sites d’une beauté exceptionnelle.
Mais, depuis dix ans, la spéculation s’est intensifiée. Les golfes et les criques sont de plus en plus bétonnés par des promoteurs sans scrupules et des célébrités au bras long qui rêvent de piscines avec vue sur le large. Ces opérations se font souvent en violation de la loi littoral de 1986, qui organise dans toute la France la protection des bords de mer. Face à ces menaces, une nouvelle forme de résistance s’organise. Cependant, les associations écologistes se sentent bien seules à mener le combat, tant les pouvoirs publics, à qui l’on conseille en haut lieu de lascia corre (laisser courir), paraissent souvent défaillants.
Car les menaces sont à la hauteur des enjeux financiers : le grand banditisme corse, qui a longtemps fait ses affaires hors de l’île, blanchit désormais des fonds d’origine douteuse dans de gros projets de construction, parfois en rivalité avec des nationalistes reconvertis, eux aussi, dans les affaires."
Razzia sur la Corse.
Des plasticages à la folie spéculative.
par Hélène Constanty
Editions Fayard
EDITIONS FAYARD - Actualité à la une
mai 2012,
ISBN 978-2-213-66876-5
240 pages, 19 €