Livres Critique

Pathologies

Prilepine

 

 

 

 

 

 

 

C'est l'histoire d'une descente aux enfers : celle de jeunes combattants plongés dans le chaudron d'une  guerre infâme.  Zakhar Prilepine,  lui-même envoyé  au front entre 1996 et 2000, narre l'impitoyable quotidien des appelés russes : " Nous avons envie de chanter et de crier pour effaroucher et désarmer par le rire les esprits de la mort" ( p. 102 ). Retrouvant la veine d'Hemingway  ou celle d'Erich Maria Remarque, il nous livre des faits bruts, intolérables, voire scandaleux, contrastant avec les épisodes de paix civile vécue à l'arrière. L'acuité du témoignage prend le lecteur à la gorge. Fidèle compagnon de Limonov au sein du parti "national-bolchevique", l'auteur a conscience de la noirceur des combats où il fut entraîné ; c'est ainsi que le principal protagoniste, Egor, décrit les épisodes de sa vie à Grozny : "Qui a dit que cette ville était en notre pouvoir ? Nous y dormons à différents endroits, mais nous sommes ici des intrus. Tous les matins, nous y faisons une descente, tuons tous ceux que nous rencontrons, et revenons nous embusquer ici..." (p. 75 ) Jeté à la face du monde, ce livre talentueux couche le testament d'une époque cruelle et insensée. Une confession terrible.

 

 

  

 

Présentation de l'éditeur :

 

"Un détachement militaire russe est envoyé en Tchétchénie : le Spetsnaz, les hommes les plus expérimentés et les plus redoutables ; parmi eux, Egor Tachevski. Les combattants russes s'installent dans une école abandonnée près de Groznyï : tout un symbole pour ces jeunes dont l'âge ne dépasse pas la trentaine. Les conscrits de vingt ans, les officiers rodés, tous gèrent à leur façon la peur, l'ennui et la mort. Tous sont, un jour, mis devant l'obligation de tirer, de tuer. Commencent les opérations de «nettoyage» : devant des Tchétchènes tués et la mort des siens, Egor Tachevski, chef du groupe, a peur. Plus qu'une peur primaire de la mort, c'est une folie, une pathologie qui tourne à l'obsession.Cette pathologie a une soeur rivale, la Jalousie. Dans le monde civil, les relations d'Egor avec Dacha, jeune femme sensuelle et peu ordinaire, ne sont plus que ruines. Le jour où Dacha confie à Egor avoir eu vingt-six amants avant lui, sa tête explose. Abandonné à la naissance par sa mère, orphelin de son père à six ans, il pensait avoir trouvé en Dacha un refuge, un point de départ et un point de retour.Le narrateur essaie de se guérir de ces deux pathologies en se plongeant dans l'enfance, certes douloureuse, mais pleine d'espoir. Zakhar Prilepine construit son roman autour des trois axes névralgiques de la vie du narrateur : l'amour, la guerre, l'enfance. Avec une aisance narrative sans faille, il tisse son récit de façon à laisser place à l'imagination du lecteur sans lui accorder le temps de reprendre son souffle. Malade de sa Russie malade, Prilepine nous la décrit en proie à ses démons : un pays mis à genoux par les fautes de ses dirigeants. Sans prendre position, il narre la souffrance de tout un peuple, constitué d'ethnies qui ont du mal à vivre ensemble. Zakhar Prilepine, 34 ans, est rédacteur en chef d'une édition régionale de Novaïa Gazeta, le journal d'Anna Politkovskaïa. Il a participé aux deux guerres tchétchènes (en 1996 et 1999). Pathologies, finaliste du prix russe Natsionalnyï et best-seller en 2005, est son premier roman. Son deuxième roman, Sanka a été finaliste du Booker Prize russe en 2006 et élu meilleur livre étranger en Chine la même année. Le Péché, sera publié en août 2007. Il confirme Zakhar Prilepine comme un des auteurs les plus prometteurs de sa génération littéraire. Figure emblématique d'une jeunesse engagée, Zakhar Prilepine participe régulièrement aux actions civiques contre le pouvoir en place."

 

 

 

 

 

 

 

Auteurs_Prilepine_portrait

 

L'auteur :  Zakhar Prilepine, né en 1975 dans un petit village de la région de Riazan, est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages poétiques ainsi que d’essais.En 1996 et 1999, il participe aux deux guerres tchétchènes. Après son retour de la deuxième campagne, il travaille comme rédacteur en chef d’une revue people. Pour contrecarrer cette expérience « journalistique », il se consacre à son premier roman, Pathologies, achevé quatre ans plus tard. Rédacteur en chef d’une édition régionale de Novaïa gazeta et d’un bureau d’information, Agence des nouvelles politiques, il soutient la coalition anti-pouvoir L’Autre Russie. Le roman a valu à son auteur une nomination au prestigieux prix russe du meilleur livre de l’année Natsionalnyï best-seller en 2005.

 

 

 

 

 

Pathologies

Par Zakhar Prilepine

Roman traduit du russe par Joëlle Dublanchet

Préface inédite de Zakhar Prilepine

Editions des Syrtes

editions-syrtes.com/

ISBN 9782940523528 (mars 2017) ; 290 pages ; 22€uros.



16/04/2017
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