Livres Critique

Nébuleuses

 

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       C'est à une expérience tout à fait originale que nous  convie l'écrivain Andreas Becker : se mettre à la place d'une femme qui dit sa vérité  ; révéler les moindres détails de sa vie ; entrer dans son Moi profond... Il y a dans ces lignes du Céline - en moins noir quand même... - et de l'esprit BD, du Kafka, une réflexion sur l'évolution du monde actuel,  des innovations linguistiques surprenantes et, surtout, beaucoup de créativité. Ce récit est un étourdissant voyage dans la vie d'une femme   tenaillée par le refoulé, l'angoisse d'être et l'incroyable quotidien  de "l' I !nstI !utI !on". Voilà un livre neuf, original et prodigieusement emballant, à découvrir aussitôt que possible !

 

Présentation de l'éditeur :

 

" Entrer dans la peau d’une femme qui trébuche sur un réel supposé, inventer son langage, traduire ses sensations physiques, ses émotions, son rapport animal, dénué de morale, primal, violent, tendre à l’autre, tel est l’enjeu de ce livre étonnant qui interpelle, heurte quelquefois, et fascine comme une part refoulée de chacun de nous. L’ordre du livre, divisé en sept tableaux, Ma Mère, Mon Père, Mon Fils, Mon I !nstI !utI !on, Mon Copain, Moi, Mon Procès, n’inclut pas Mon Amour évoqué tout au long du récit comme une porte entr’ouverte, jamais franchie, cependant. Nébuleuses nous entraîne dans un inquiétant voyage mental et nous interroge sur la nature de cette I !nstI !tutI !on dont les points d’exclamation après les I majuscules se dressent comme autant de barrières entre la narratrice et le monde qui l’entoure. Qu’est-ce que cette I !nstI !tutI !on ? Le bâtiment, le château, la prison, le labyrinthe, où celle qui dit « j’e » est définitivement recluse ? Est-ce le corps, le cerveau de celle qui balbutie, hoquette son histoire pour rester vivante ?"

 

Extrait :

  « ma mère avait qu’une seule cuiller en bois – c’était une pauvre mère – j’ai encore les larmes aux yeux quand j’e pense à elle – à son ventre gonflé d’eau retenue – à ses varices – son béat sourire – son cerveau éreinté – quand j’e pense à elle comme elle m’urinait dans les coins de la maison – par ici par là – quand elle avait pas ses couches ou ses torchons entre les cuisses – quand elle regardait la roue de la fortune et qu’elle sursautait devant la télé – quand elle soupirait et qu’elle m’insultait – quand elle me donnait des baffes – quand elle portait des bigoudis bariolés pendant des années les mêmes et qu’elle les enlevait jamais – quand elle était restée à la maison malgré que j’avais mon cancer et que j’étais à l’hôpital – quand elle disait qu’elle était de la mauvaise graine ..."

 

L'auteur :

Né en 1962 à Hambourg, Andréas Becker vit en Allemagne jusqu’en 1990 après des études de philosophie et d'histoire. En 1991, il se rend à Lyon où il découvre, émerveillé, la langue française. Il décide de rester en France, gagne sa vie comme professeur d’allemand puis comme traducteur de romans de gare avant de s’engager dans une carrière commerciale. Malgré sa réussite dans ce domaine, il décide d’y renoncer pour s’immerger tout entier dans son travail d'écrivain.

 

Nébuleuses

par Andreas Becker

Editions de la Différence / Éditions de La Différence

Isbn 9782729120382 ;

juillet 2013 ; parution le 29 août

2013 ;  175 pages ; 15 €uros



25/07/2013
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