Les Tirailleurs sénégalais
Anthony Guyon met le doigt sur l'attitude ambiguë, voire, inadmissible de nos institutions à l' égard de centaines de milliers de tirailleurs africains ayant combattu pour la France : "Certains des derniers tirailleurs", explique-t-il, " vivent aujourd'hui dans des foyers avec quelques centaines d'euros de pension..." (p. 309 ) Ayant fait preuve d'un dévouement sans bornes en juin 1940 puis à Koufra, à Bir Hakeim ou lors de l'opération "Anvil" en Provence, ils furent ensuite tantôt réprimés ( Massacre de Thiaroye ), tantôt ravalés au rôle de supplétifs répressifs au Maghreb, à Madagascar ou en Indochine. Ce livre administre une bonne piqûre de rappel historique en même temps qu'il dresse le tableau d'une grande exploitation sociale. A lire absolument pour se laver le regard.
EXTRAIT : "Que le kaléidoscope présenté ici, loin de toute exhaustivité, contribue à ne plus jamais réduire les années de service des tirailleurs sénégalais au tryptique Banania, chéchia, coupe-coupe." (p.312)
Présentation de l'éditeur :
"La première histoire globale d'un corps d'armée mythique.
Si les études portant sur le rôle des tirailleurs sénégalais dans les deux conflits mondiaux sont légion, rares sont les ouvrages qui retracent toute leur histoire, de la création de ce corps au XIXe siècle à sa dissolution en 1960. S’intéressant aux trajectoires collectives comme aux destins individuels (le militant Lamine Senghor, le résistant Addi Bâ ou encore le Français libre Georges Koudoukou), Anthony Guyon propose ici la première synthèse globale sur le sujet. Il revient sur les moments de gloire de cette armée – comme la défense de Reims en 1918, la bataille de Bir Hakeim en 1942 ou l’opération Anvil en 1944 –, autant que sur les tragédies qui jalonnent également son parcours (citons notamment les terribles massacres commis par la Wehrmacht à leur encontre lors de la campagne de France).
Loin des habituels clichés qui font que, aujourd’hui encore, l’iconographie dégradante incarnée par « Y’a bon Banania » demeure l’un des premiers éléments associés à l'identité des tirailleurs sénégalais, cet ouvrage à la fois complet et accessible illustre toute la complexité de leur position à mi-chemin entre les sociétés coloniales et l’autorité métropolitaine. À mettre entre toutes les mains."