Livres Critique

Le poncif d'Adorno. Le poème après Auschwitz.

 

 

 

 

    Bien connu pour son analyse critique de la société contemporaine,  le philosophe Theodor Adorno fut trop souvent  réduit à la célèbre formule : "Ecrire un poème après Auschwitz est barbare". Ce poncif suscita une controverse là où, en réalité, le philosophe   invitait à ne jamais abandonner l’art. Son idée était  que l'homme, tel le phénix, devait renaître de ses cendres et continuer de vivre et de créer en se fixant pour règle de ne jamais  oublier l'innommable. Youssef Ishaghpour a le mérite d'éclairer les thèses d'Adorno en les confrontant à celles de Paul Celan et de Martin Heidegger. Cet essai critique intéressera au plus haut point les passionnés de philosophie et d'histoire des idées.

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :

 

"C’est un essai polémique, court mais qui traite des pensées d’Adorno, de Celan et de Heidegger concernant l’art et sa possibilité dans un monde survivant au nazisme.
Il s’agit donc d’esthétique, de philosophie et d’histoire.
Son point de départ c’est une phrase d’Adorno devenue « une formule magique » – mondialement célèbre : « Écrire un poème après Auschwitz est barbare. »
Ce « verdict » de Theodor Adorno, cité souvent par ouï-dire et répété à tout propos, a été transformé en poncif. Utilisé comme mantra. Sans égard au sens que la proposition, métamorphosée ainsi en « sentence », pouvait avoir pour Adorno et ce qu’elle impliquait.
Il est indispensable donc d’en voir le contexte. Il faut surtout relire d’autres écrits d’Adorno consacrés à cette question fondamentale et paradoxale : l’impossibilité et, en même temps, la nécessité de l’art dans un monde qui a survécu à sa propre ruine.
Poète d’un tel monde, Paul Celan a cru, à tort comme le constate Ishaghpour, que c’était lui qui avait été visé par « le verdict », même s’il attendait d’Adorno – disparu avant de pouvoir le faire – qu’il consacre un livre à sa poésie.
Ce sont des heideggériens qui ont écrit de tels livres, en faisant de Celan « le poète de Heidegger ». Tout à l’opposé donc du supposé « verdict » d’Adorno – utilisé ainsi pour le discréditer avec toute la « théorie critique » –, et en allant jusqu’à transformer Heidegger, à cause même de ses « errances » (il était antisémite, membre du parti nazi et soutien de Hitler), et parce qu’il serait seul à l’écoute de « La Poésie du monde », « le philosophe ayant sauvé “Auschwitz” ». Ce qui exige un retour sur sa philosophie."

 

 

 

Youssef Ishaghpour

 

 

 

L'auteur : Iranien d’origine, vivant à Paris depuis 1958, Youssef Ishaghpour est de formation philosophique. Il s’est consacré essentiellement à la question de l’historicité de l’art et de la philosophie au XXe siècle, problème central de cet essai sur Le Poncif d’Adorno.
Il est l’auteur de plusieurs livres sur des peintres : Tàpies, Hopper, de Staël, Morandi, Rothko, Manet, Courbet, de différents essais sur le cinéma moderne et contemporain et de remarquables monographies sur des cinéastes : Visconti, Ozu, Satyajit Ray, Kiarostami, Orson Welles monumentale somme en 3 volumes couronné de plusieurs prix. Ses livres sur la philosophie et la politique au XXe siècle (Martin Heidegger, Elias Canetti, Paul Nizan) ont été traduits en plusieurs langues.

 

 

 

Le Poncif d'Adorno.

Le poème après Auschwitz.

Par Youssef Ishaghpour

Editions du Canoë - Tout vaut la peine si l'âme n'est pas ...

 

https://www.editionsducanoe.fr

 

Isbn : 9782490251032 ; sept. 2018 ; 93 pages ; 15 €uros.



23/01/2019
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