Le Monde d'hier.
Amer, triste, quasi désespéré. Tel apparaît Stefan Zweig dans ce livre-testament. Le grand écrivain et historien s'y révèle lucide à bien des égards, qu'il s'agisse des tares à réprimer ("Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne" ) ou des nouvelles formes de domination néfastes à l'être humain ( "La pire malédiction que nous ait apportée la technique est qu'elle nous empêche d'échapper, ne fût-ce qu'un instant, à notre présent", p. 518) . Stefan Zweig nous fait partager la richesse de ses contacts avec les grands artistes de son temps ; ainsi de sa rencontre avec Rodin : " J'avais vu se découvrir le secret éternel de tout grand art et même de toute oeuvre humaine : la concentration de toutes les forces et de tous les sens, ce passage hors de soi, hors du monde qui est le propre de tout artiste" (p. 205 ).
Adressée à l'éditeur peu avant son suicide en 1942, cette autobiographie n'est pas seulement un modèle de finesse intellectuelle dédié aux consciences troublées du monde moderne. C'est aussi un plaidoyer pour une Europe idéale, unie et riche de ses cultures. Ces pages intemporelles ne nous arment pas seulement contre l'abrutissement actuel. Elles nous bouleversent aussi : ce n'est pas tous les jours qu'on peut voir le monde à travers les yeux d’un sage.
Présentation de l'éditeur :
"Rédigé en 1941 au Brésil où le triomphe du nazisme en Autriche a contraint Zweig à émigrer, Le Monde d’hier raconte une perte : celle d’un monde de sécurité et de stabilité apparentes, où chaque chose avait sa place dans un ordre culturel, politique et social qui nourrissait l’illusion de l’éternité. Un monde austro-hongrois et une ville sans égale, Vienne, qu’engloutira le cataclysme de 1914.
Dans ce qui est l’un des plus grands livres-témoignages sur l’évolution de l’Europe de 1895 à 1941, Zweig retrace dans un va-et-vient constant la vie de la bourgeoisie juive éclairée, moderne, intégrée, et le destin de l’Europe jusqu’à son suicide, sous les coups du nationalisme, de l’antisémitisme, de la catastrophe de la Première Guerre mondiale et de l’effondrement de l’Empire austro-hongrois, sans oublier le rattachement de Vienne au Reich national-socialiste. Ce tableau d’un demi-siècle de l’histoire de l’Europe résume le sens d’une vie, d’un engagement d’écrivain, d’un idéal d’une République de l’intelligence par-dessus les frontières.
Chemin faisant, le lecteur croise les amis de l’auteur : Schnitzler, Rilke, Rolland, Freud, Verhaeren ou Valéry."
L'auteur : Écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien, Stefan Zweig (1881-1942) étudie la philosophie et rejoint le mouvement d'avant-garde Jeune Vienne. Il publie son premier récit, Dans la neige, en 1901. Jusqu'en 1914, il multiplie les voyages tout en poursuivant ses activités d'écriture. Dans l'entre-deux-guerres, il défend la cause pacifiste aux côtés de Romain Rolland. En 1934, inquiété pour ses origines juives, il s'exile à Londres, puis au Brésil. En 1942, désespéré par les victoires des nazis et de leurs alliés, il se suicide en compagnie de son épouse.
Le Monde d'hier
Par Stefan Zweig
Traduit de l'allemand ( Autriche ) par Dominique Tassel
Editions Folio-Gallimard ( n° 616 )
Folio - GALLIMARD - Site Gallimard
www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio
ISBN : 9782070792191 ; mars 2016 ; 590 pages ; 7,70 €