La "télécratie" à l'assaut de la démocratie...
"Nous éduquons nos enfants à la violence par la télévision". Bernard Stiegler pourrait faire sienne cette mise en garde du philosophe autrichien Karl Popper...
Mais là n'est pas le seul fléau à dénoncer. En effet, la télécratie qui règne désormais en France comme dans la plupart des pays industriels ruine aussi la démocratie : elle remplace l’opinion publique par les audiences, court-circuite les appareils politiques et détruit la citoyenneté.
La télévision et l’appareillage technologique qui la prolonge à travers les réseaux numériques de télécommunication sont en cela devenus le premier enjeu politique.
Les effets ruineux de la télécratie transforment la vie quotidienne dans ses aspects les plus intimes, et, à l’évidence, les candidats au scrutin présidentiel de 2012 n’en auront cure dans la mesure où ils ont été produits par ce système.
Car à travers ce que l’on appelle les industries de programmes, c’est la relation politique elle-même qui est devenue un nouveau marché, et ce marketing confine aujourd’hui à la misère culturelle et politique : au cours de la dernière décennie, l’appareil « télécratique » a développé un populisme industriel engendrant une politique pulsionnelle qui semble nous conduire inéluctablement au pire, à droite comme à gauche. Ce devenir infernal n’est pourtant pas une fatalité.
La philosophie se constitua à son origine même contre les sophistes : ceux-ci, en s’appropriant l’écriture de façon abusive, nourrirent une gangrène qui menaça la cité athénienne de guerre civile. C’est dans cette lutte contre les tendances démagogiques de la démocratie grecque que l’Occident forgea son identité et les principales formes de ses connaissances.
Ars Industrialis | association internationale pour une politique ...
Collection Champs/ Flammarion, 275 pages, 2008, prix en France : 7 €uros