7 heures du matin, le 4 février 1970 à Fouquières-lès-Lens (Pas-de-Calais) : un terrible coup de grisou surprend 16 gueules noires sur leur lieu de travail. Pointant la responsabilité des employeurs, cinq mineurs révoltés lancent alors trois cocktails Molotov contre le siège des Houillères à Hénin-Liétard. Philippe Artières reconstitue le film des événements dans ce bel ouvrage, la Mine en procès, dont la trame révèle " de nouvelles formes de lutte, pour sortir de 1968» dans un contexte marqué par la répression ( Loi "anti-casseurs" ). S'ordonnant autour de quatre actes, le livre réunit des documents souvent inédits tels que coupures de presse, photos, tracts, rapport du délégué des mineurs pour les personnels soulignant les fautes de l’exploitant, etc... Dénonçant l'oppression de l'époque, ce livre fait mouche et incite à une véritable prise de conscience. Une lecture d'utilité publique par les temps qui courent.
Présentation de l'éditeur :
"Le 4 février 1970, une explosion dans la mine de Fouquières-lès-Lens provoque la mort de 16 travailleurs. S’ensuit une longue mobilisation des mineurs, des syndicats, de la Gauche prolétarienne, d’intellectuels, d’artistes, d’ingénieurs et de médecins… Dans l’histoire de la mine, cet épisode est aussi annonciateur de nouvelles modalités de luttes dont les soulèvements contemporains sont héritiers.
Quelques jours après la catastrophe, rapidement suivie des funérailles, le 7 février, des mineurs morts tragiquement dans la fosse 6 de la mine de Fouquières-lès-Lens, de jeunes militants maoïstes lancent des cocktails Molotov sur les bureaux de la direction à Hénin-Liétard. S’engage alors tout au long de l’année 1970 une série de mobilisations, allant de l’occupation sans précédent de l’École des mines à Paris par des élèves ingénieurs, jusqu’à la tenue à Lens d’un tribunal populaire le 10 décembre, présidé par Sartre. En parallèle, des enquêtes controversées sont menées sur les responsabilités engagées dans l’accident, et des mouvements d’extrême gauche subissent une forte répression. De leur côté, un collectif d’artistes mené par Merri Jolivet et les peintres Aillaud, Fromanger et Mathelin, conçoivent une exposition au profit des familles des victimes.
Philippe Artières livre le récit et l’analyse de cet épisode méconnu. L’accident, l’émotion et le déroulement des funérailles obéissent à une scénographie bien connue, celle de la vieille histoire de la mine. Dans ses sites et ses moments rituels, ses figures et ses discours, les gestes d’une longue généalogie des catastrophes minières sont ici réitérés. Mais le contexte historique est aussi celui de nouvelles modalités de contestation où se joignent aux mineurs, à leurs défenseurs institutionnels ‒ PCF et CGT ‒, ou libertaires et révolutionnaires ‒ la GP et les maos ‒, ceux que Michel Foucault appelait « intellectuels spécifiques » : ingénieurs, médecins et artistes. La narration très incarnée vise à faire entendre la voix des différents acteurs au plus près, grâce à la collection de documents largement inédits. Générations et cultures de luttes avec leurs références
propres s’entrechoquent. Elles marquent un renouvellement majeur dans l’histoire des luttes sociales dont la filiation avec les soulèvements et modes d’actions très contemporains est évidente, des lanceurs d’alerte aux jeunes étudiants « bifurqueurs ».
Avec les contributions de Eric de Chassey, Michelle Zancarini-Fournel, et un entretien avec Bernard Leroy."
L'auteur : Philippe Artières est historien du contemporain. Directeur de recherches au CNRS, il a consacré une partie de ses travaux aux soulèvements des années 68 et à leurs archives dans une perspective foucaldienne. Il a dirigé ou écrit de nombreux ouvrages dont Le peuple du Larzac (La découverte, 2021).
La mine en procès. Fouquières-lès-Lens 1970
par Philippe Artières
Anamosa, maison d'édition indépendante - ANAMOSA
Isbn : 978238191062 ; 30 mars 2023 ; 256 pages ; 26 €