L'Impossible exil. Stefan Zweig et la fin du monde.
A la charnière de la biographie et de l' histoire, de l'essai et de l'enquête, ce recueil admirablement traduit par Cécile Dutheil de la Rochère nous fait comprendre les affres de l'exil au temps du nazisme. George Prochnik nous conte l’ impossible éloignement d’un écrivain talentueux devenu en quelques années l’écrivain contemporain le plus traduit au monde. Sa lecture humaniste et fortement empathique des événements nous familiarise avec l'auteur du Joueur d'échecs en éclairant nombre de ses idées ( cf. : "On peut réveiller la tolérance naturelle des gens en les aidant à comprendre leur soi-disant ennemi", p. 86) Vibrantes de sensibilité, les pages deviennent de plus en plus apaisantes au fur et à mesure qu'on les tourne. Rien d'étonnant : on y parle d'amitié, d'éducation, de jeunesse, de paix entre les peuples, d'amour des arts et de la culture, etc. George Prochnik n'a pas son pareil pour imprimer une atmosphère amicale et chaleureuse au récit, en dépit des tourments de Stefan Zweig, auteur à succès victime de ses idées noires. Un éclairage original, un livre unique nous mettant au défi de mieux comprendre autrui : c'est une plongée culturelle passionnante que nous offrent ces pages tout à fait remarquables, à lire absolument.
Extraits :
" Stefan Zweig n'arrivait plus à surmonter l'impression de n'avoir plus de place nulle part" (p. 388).
" Il affirmait qu'il existait rarement de lien entre pouvoir et morale, mais plutôt un abîme infranchissable qu'il était du devoir de l'écrivain de mettre au jour plutôt que de s'engager à la violence de l'action (...)
"Le terreau de notre communauté d'action ne peut être que dans le sentiment que jamais, depuis que le soleil et les étoiles brillent sur ce monde trouble, l'homme n'a été autant désacralisé" ( p. 405 ).
Présentation de l'éditeur :
"Né en 1881 dans une famille aisée, Stefan Zweig publia son premier recueil de poèmes à l’âge de 19 ans. Quoi qu’il écrivît - essais, articles, nouvelles, romans, biographies -, il ne connut que le succès. A partir des années 1930, il devint l’auteur vivant le plus traduit à travers le monde. Il était, aimait-il à plaisanter, l’un des dix auteurs de langue allemande à pouvoir se permettre de fuir.
Après l’arrivée au pouvoir d’Hitler, cet auteur célébré par tous, chantre de l’humanisme international, amoureux des arts et des lettres, se retrouva, en l’espace de quelques années, contraint à un exil solitaire qui l’éloigna peu à peu de tout ce qui avait guidé et fait sa vie. Il quitta l’Autriche pour s’installer à Londres, puis à Bath, avant de partir pour l’Amérique - New York, Ossining, Rio et enfin Petrópolis où, en 1942, il mit fin à ses jours.
Dans cet essai brillant et très documenté, George Prochnik retrace le destin tragique de Stefan Zweig, et à travers lui, c’est tout un pan de l’histoire culturelle européenne et américaine que l’on découvre, mais aussi la lutte de ceux qui durent abandonner l’une pour embrasser l’autre. Zweig devient ainsi, par ses textes et sa pensée, le symbole de la fin d’une époque et de l’implosion de l’Europe en tant qu’idéal d’une civilisation occidentale éclairée."
L'auteur : Auteur d’essais, de poèmes et d’ouvrages de fiction, George Prochnik a enseigné la littérature américaine à l’université de Jérusalem. Il réside aujourd’hui à New York.
L'Impossible exil. Stefan Zweig et la fin du monde.
Par George Prochnik
Traduit de l'anglais ( Etas-Unis ) par Cécile Dutheil de la Rochère