L'homme jetable
Livres Critique s'efforce de vous mettre sur la voie des lectures démêlant l'écheveau de nos sociétés dites complexes - comme pour Identité, de Zygmunt Baumann ou La fabrique de l'homme endetté de Maurizio Lazzaratto.
Le philosophe Bertrand Ogilvie apporte une nouvelle pierre en interpellant notre condition "jetable " - mais oui, nous sommes plus ou moins des kleenex ! - et en attirant notre attention sur l'exterminisme - propension à détruire et s'auto-détruire - dont nous devenons les victimes à notre corps défendant. Une analyse sévère mais juste. Edifiant !
Présentation de l'éditeur :
"L’époque moderne, qui s’est ouverte avec les révolutions industrielles et l’universalisation du salariat, a engendré de nouvelles formes de violence. Parallèlement aux formes classiques de l’affrontement, de la guerre, du massacre, sont apparues des violences structurelles liées à la réorganisation économique et politique de la vie des êtres humains. Un mouvement d’exterminisme généralisé se fait jour, qui instrumentalise et institutionnalise les catastrophes naturelles, et qui organise l’utilisation et la consommation intégrale des forces de travail, la mise à mort de populations entières. Les exterminations des Arméniens, des Juifs, des Tsiganes, et la perspective d’une auto-destruction de l’humanité (avec Hiroshima, le développement d’armes chimiques et les atteintes irréversibles portées à la biosphère) apparaissent ainsi comme des symptômes majeurs du xxe siècle, qu’aucune réflexion philosophique ne devrait négliger.
Désormais, la violence ne s’intéresse plus seulement aux comportements des êtres ou à leurs représentations, mais à leur statut même de vivants, à leur simple présence. Il ne s’agit ainsi plus simplement de cynisme et d’absence de préoccupation de l’avenir de la part des pouvoirs : ces formes nouvelles de violence entraînent une chosification systématique des êtres. La violence moderne est une violence naturalisée, rendue irreprésentable, réduite à une simple « gestion ». L’être humain n’est plus seulement superflu ou surnuméraire. Confronté pour la première fois dans l’histoire à la transposition dans le champ politique de l’irreprésentable du réel, à des formes de violences qui tentent de s’imposer comme l’expression d’une nature inéluctable, il est devenu « jetable ».
L'auteur :
Bertrand Ogilvie est professeur de philosophie, psychanalyste, ancien directeur de programme au Collège international de philosophie. Il enseigne à l’Université Paris Ouest Nanterre. Il est l’auteur de Lacan. Le sujet (PUF, 1987), La seconde nature du politique (L’Harmattan, 2012). Il a collaboré à L’Europe, l’Amérique, la guerre d’Étienne Balibar (La Découverte, 2003) et à l’édition des Œuvres de Fernand Deligny (L’Arachnéen, 2007).
L'homme jetable
Essai sur l'exterminisme et la violence extrême
par Bertrand Ogilvie
Préface d'Etienne Balibar
Editions Amsterdam
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ISBN 978-2-35480-109-0 ; 10 euros ; 144 pages