"Après Mourir au Mexique (2015) puis Rendez-les-nous vivants (2017), les éditions Ici-bas publient le dernier volet d’une trilogie de John Gibler, journaliste et essayiste étasunien, dans laquelle il explore les racines et les formes d’une guerre sociale qui ravage le continent américain et donne voix aux résistances qui se tissent contre une impunité meurtrière.
Fidèle à sa posture journalistique marquée par l’éthique, la réflexivité et l’horizontalité dans le rapport à l’enquêté, John Gibler raconte ici l’incroyable parcours d’un guérillero mexicain nahualt, Andrés Tzompaxtle, enlevé, détenu et torturé par l’armée mexicaine en 1996, jusqu’à son évasion des mois après, puis sa longue et difficile reconquête de la liberté.
À travers ce témoignage poignant, l’auteur revisite la thématique de la violence systémique dans ce pays, de la « guerre sale » (années 1970) à nos jours, en proposant une réflexion sur l’écriture, la violence et le colonialisme aux échos directs avec notre histoire et notre actualité. En recourant à une polyphonie narrative où se mêlent de façon presque imperceptible la voix du journaliste à celle de l’enquêté, il en appelle à « décoloniser l’écriture » et à restaurer la relation essentielle entre l’oral et l’écrit, ouvrant ainsi des pistes méthodologiques inédites pour « écrire la violence ».
L’évasion d’un guérillero articule de façon magistrale le travail d’archive, le journalisme de terrain, le témoignage et l’essai, et rend un hommage vibrant à la parole et à l’histoire de ce survivant de l’enfermement et de la folie, incarnant la force et la lutte inébranlable pour la dignité des peuples."