L'embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard
"Je vous l’ai dit, je m’appelle Victor Renard.
Je suis né le 9 juillet, mais j’ignore en quelle année car ma mère a toujours menti sur son âge et le mien. Je suis fils unique de Johann et Pâqueline Renard.
On me surnomme parfois Victordu, à cause de ma tête penchée sur le côté. Un torticolis congénital m’inflige cette posture que vous pourriez prendre pour une pitrerie. Je ne ressemble pas à ma mère, autrefois admirée tant pour sa beauté que pour sa tournure naturelle bien qu’elle fût de fort petite taille. Je suis laid, ramassé, et toujours atteint d’une acné dont j’ai passé l’âge."
Voici l'histoire de Victor Renard, enfant pauvre devenu apprenti embaumeur dans le Paris du siècle des Lumières.
Mais quelles "Lumières" pour le bas peuple du Paris d'alors terriblement obscurci par sa misère et ses cloaques ?
Rédigé à l'issue de dix années de recherche, le livre d'Isabelle Duquesnoy reconstitue avec finesse les rues sombres de la capitale, grouillant d'hommes et de femmes en lutte perpétuelle pour leur survie. Tant par le choix des mots que par la narration des us et coutumes de l'époque, le lecteur est littéralement transporté à la fin du XVIIIe siècle. L'auteure réinvente une langue, un univers où se mêlent truculence rabelaisienne et références historiques, poésie noire et humour acide. A la fois sans pitié et débordante d'émotion, cette fresque lustrale comme une tragédie vaut amplement le détour.
Présentation de l'éditeur :
" Pute borgnesse ! »
Victor Renard n’eut jamais de chance avec les femmes. À commencer par sa mère, l’épouvantable Pâqueline, qui lui reprochait d’être venue au monde en étranglant son frère jumeau de son cordon ombilical. Puis ce fut Angélique, la prostituée, qui se moquait des déclarations enflammées de Victor et de sa difformité, comme de sa « demi-molle ».
Victor échappe pourtant à sa condition misérable : il devient embaumeur. Avec les cadavres, au moins, le voilà reconnu. Et en ces temps troublés, quelle meilleure situation ? Les morts, après la Révolution, ne manquent pas dans Paris…
Mais le sort le rattrape et l’épingle, comme le papillon sur l’étaloir. Face à ses juges et à la menace de la guillotine, Victor révèle tout : ses penchants amoureux, les pratiques millénaires de la médecine des morts, le commerce des organes et les secrets de sa fortune.
Où l’on découvrira que certains tableaux de nos musées sont peints avec le sang des rois de France…"
L'auteure : Restauratrice d’œuvres d’art entre la Basse-Normandie et la Corse, isabelle Duquesnoy écrit tous les jours et relit ses dialogues à voix haute, son perroquet posé sur l'épaule, et des litres de thé rouge tiède à portée de main. Elle s’est fait connaître comme auteure avec son premier roman Les Confessions de Constance Mozart. Elle a consacré dix ans de sa vie à l'Embaumeur, sans se soucier de savoir s’il serait publié. Elle a fait de cette obsession son chef-d’oeuvre.
L'embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard
Par Isabelle Duquesnoy
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