Jean Giono, le vrai du faux.
Démêler le vrai du faux. Tel est le pari tenu par Eugène Saccomano dans ce livre limpide. Même s'il n'a pas eu la fibre résistante d'un René Char, Jean Giono a protégé activement des Juifs et des résistants durant la dernière guerre. Sous la forme d'un plaidoyer ponctué d' "Alors, collabo, Jean Giono ?", Eugène Saccomano nous offre une investigation dissipant les ambiguïtés. Tout au plus peut-on reprocher à l'auteur d'Un de Baumugnes : " l'inconscience de l'artiste Giono, son dégoût de l'actualité politique, son je-m'en-foutisme pour certaines choses de la vie " (p. 90) Du rythme, des arguments balancés, une foule de détails et d'anecdotes sur ce qui se passait alors à Manosque : ce livre, qui se lit d'une traite, a le grand mérite de mettre les points sur les i. Au-delà des nombreux amoureux de Giono, il intéressera au plus haut point les étudiants, les enseignants et les chercheurs, voire, tous ceux qui s'abreuvent de littérature. Ce livre captivant dissipe le doute... et nous rapproche de Giono.
Présentation de l'éditeur :
Beaucoup de bêtises, de contre-vérités ont été dites ou écrites sur le comportement de Jean Giono (1895-1970) durant la Seconde Guerre mondiale. Il avait, hélas, bien connu la Première. Son pacifisme absolu, viscéral, l’a conduit à des écarts, à des déclarations que certains lui ont reprochés. Ces temps-ci, quand on découvre ou redécouvre (sur France 2, la série « Apocalypse, la Première Guerre mondiale » a été vue par 11 millions de téléspectateurs) ce qu’a été le massacre universel de 14-18, on peut comprendre qu’il tenait à ce que la France ne reprenne les armes. Giono n’a pas collaboré. Une partie de la population de Manosque comme certains écrivains, André Chamson et Aragon notamment, ont alimenté les ragots. Sans apporter la moindre preuve. D’ailleurs, Giono n’a jamais été poursuivi, ni inculpé de quoi que ce soit. A contrario, dans les annexes de ce livre, on trouvera des témoignages authentifiés de ses amis résistants en sa faveur. N’oublions pas que c’est au « Contadour », propriété de l’écrivain et de son ami Lucien Jacques – qui tenaient tous deux les fusils et la mitraille en horreur – qu’a été mis sur pied le premier maquis armé des Basses-Alpes. Ce livre raconte aussi les petites erreurs de Giono qui, pour nourrir sa famille et ses amis, a donné quelques textes romancés à La Gerbe et à des revues ou journaux plutôt pétainistes. Mais sans une seule ligne concernant la politique de l’époque. Ce que révèle ce document consacré à Jean Giono, c’est la volonté farouche de celui-ci de sauver des vies. Il a abrité chez lui, ou dans des studios discrets de Manosque, une douzaine d’Israélites (comme l’on disait alors). À cet égard, Giono mériterait presque le titre de « Juste ». En risquant sa peau, il a payé l’opération de Mme Ernst, la femme du peintre dadaiste détenu à Luynes, caché l’architecte trotskiste allemand Karl Fiedler et organisé l’évasion du pianiste Meyerowitz. Grâce à Sylvie Giono, sa fille cadette, et à Jacques Meny qui gère la mémoire écrite de l’écrivain dans la maison du « Paraïs », Eugène Saccomano tente de reconstituer cette période délicate de la vie de Giono. Pendant les cinq années du conflit, l’écrivain s’intéressera surtout à sa passion : la littérature. Et un nouveau Giono naîtra dans l’après-guerre, celui du « Hussard ». |
L'auteur : Eugène Saccomano, journaliste pour Europe 1 puis pour RTL, est devenu une légende pour les amateurs de football. Il a animé à la télévision une émission culte, « On refait le match » et a publié de nombreux livres sur le football, mais la littérature reste sa seconde passion. Il est notamment l’auteur de Bandits à Marseille(Julliard), dont fut tiré le film Borsalino, ainsi que des romansGoncourt 32 (Flammarion) et Une romance marseillaise (Buchet- Chastel).
Jean Giono, le vrai du faux
par Eugène Saccomano
Editions du Castor Astral / Le Castor Astral: Accueil
Coll. Escales des lettres
Isbn 978-2-85920-996- ; 12 x 19 ; 112 pages ; août 2014 ; 12 €uros