Je vis. Je meurs.
Sympa, limpide, bien écrit : ce polar signé Philippe Hauret happe son lecteur dès la première ligne. Pourquoi ? Son auteur ne se limite pas à intégrer les ingrédients du genre : il noue le drame sous l'éclairage original d'une relation entre un retraité, Serge, et une jeune serveuse, Janis ( Dans "sexagénaire", il y a "sexe", bien sûr... ) Truffé de formules de philosophie pratique et de références artistiques - comme le beau poème de Louise Labé, p. 169 - le livre de Philippe Hauret nous offre, de surcroît, une épatante galerie de portraits. Ainsi du flic Mattis, joueur et buveur invétéré se lançant à la poursuite de Serge et Carlos, tueur sans scrupules, dans une scène quasi cinématographique à la lisière des falaises d'Etretat ( "C'était pour vivre ce genre de situations qu'il avait voulu être flic : l'excitation mêlée à la peur, aucun autre moment ne pouvait rivaliser d'intensité. Se mettre physiquement en danger lui donnait la pleine mesure de son existence, c'était comme être au bord d'un gouffre, effrayé et fasciné à la fois", p. 185 ). Voilà une belle réussite littéraire donnant aussi, mine de rien, à réfléchir. On se sépare à regret de ce polar délassant.
Présentation de l'éditeur :
"C’est en noyant sa soixantaine désabusée dans un bar de quartier que Serge croise les yeux de Janis la première fois. Elle est jeune, jolie, serveuse de son état mais en proie à la violence quotidienne de son petit ami. De confidences en services rendus, de regards en caresses rêvées, une étrange amitié va alors se nouer… De son côté, l’inspecteur Mattis est proche de l’implosion. Divorce, alcool, sexe et dettes de jeux, un grand classique qui dégénère en spirale infernale. S’il tient encore à la vie, il commence sérieusement à être à court d’arguments ! En enquêtant sur une affaire de deal dans une cité, il croise la route de José, le fameux petit ami qui tient ici le business de la dope. Incidemment, l’engrenage vient de se mettre en place : l’espoir d’une autre vie, les rêves envolés, le fric, la violence, les flingues, la cavale… Jusqu’à la rédemption !
Serge, veuf, soixante ans, qui a le sentiment d’être passé à côté de sa vie… Janis, la vingtaine, jeune et paumée, qui ne s’en sort pas et se cherche encore… Carlos, José, Sammy, les petits caïds de la cité… Mattis, le flic en perdition… Toro qui se prend pour un dur… Carole, la compagne éphémère… Rémi, l’autre flic, l’ami des soirs de planques… Des personnages ordinaires, des « vrais » gens de la « vraie » vie… Avec leur cœur, leurs désirs, leurs doutes et leurs conneries… Mais qui, tous, ont la farouche volonté de vouloir changer d’existence, de remettre les compteurs à zéro et de repartir gonflés à bloc ! À chacun sa manière… À chacun son karma… À chacun son destin… Le fric, le pouvoir, l’amour, la cavale ou la mort ! Il y en aura pour tout le monde…"
L'auteur : Bien que né en 1963 à Chamalières, Philippe Hauret passe sa tendre enfance sur la Côte d’Azur, entre Nice et Saint-Tropez, avant de remonter progressivement, suite aux divers aléas de la vie parentale, vers les brumes d’une banlieue parisienne… Études chaotiques, errements divers, voyages et autres expédients, puis arrive une série de petits boulots – tous plus anachroniques et enrichissants les uns que les autres – à même de forger le caractère et l’expérience d’un futur auteur de polars ! Ayant depuis réussi à canaliser cette folle énergie, il travaille désormais pour la bibliothèque d’une université. Niveau hobbies, il adore la guitare – ses voisins un peu moins –, la littérature classique puis américaine, le cinéma et les séries, américaines toujours…
Je vis. Je meurs.
Par Philippe Hauret
Editions Jigal
www.jigal.com/
ISBN 979-10-92016-61-1 . Mai 2016 . 125 x 195 . 232 pages. 17,50 €uros.