J'ai tué suivi de J'ai saigné
Les éditions Zoé viennent d'avoir la magnifique idée de rassembler deux textes essentiels de Blaise Cendrars. Voilà peut-être ce qui a jamais été écrit de plus saisissant sur l'ignoble boucherie de 14-18 : sans emphase, de façon simple, rythmée et imagée, avec une rigueur quasi-cinématographique, l'auteur de la Main coupée décrit la montée au front, puis expose son meurtre légal, avant de fustiger l'immense absurdité de l'une des plus grandes boucheries jamais commises au nom de la "nation". L'histoire du petit berger des Landes dénonce les méfaits de guerres causées par la bêtise, la bureaucratie, la technique ou la servilité hiérarchique. Il faut absolument lire ces deux textes fulgurants : d'abord, parce que leur auteur nous y aide à résister à l'esprit de guerre, hélas, toujours présent, ensuite, parce qu'il nous donne d'intenses leçons de vie. Cendrars, ce grand artiste intemporel, a vraiment écrit pour les générations futures !
" C'est le petit berger des Landes qui m'a fait comprendre que si l'esprit humain a pu concevoir l'infini c'est que la douleur du corps est également infinie et que l'horreur elle-même est illimitée et sans fond " ( p.73)
Présentation de l'éditeur :
"Au fil de deux nouvelles courtes mais d’une très grande densité, Cendrars raconte l’horreur de la Première Guerre mondiale. J’ai tué, c’est l’arrivée des soldats au Front, inconscients de la boucherie imminente. Porté par cette masse humaine, l’auteur décrit l’impunité qui l’anime lorsqu’il tue au couteau un soldat allemand. Dans J’ai saigné, Cendrars vient de perdre son bras, arraché par un tir de mitrailleuse. Il est emporté dans un hôpital de campagne pour une longue convalescence, entouré de blessés de guerre qui s’avèrent finalement bien moins chanceux que lui".
« On avance en levant l’épaule gauche, l’omoplate tordue sur le visage, tout le corps désossé pour arriver à se faire un bouclier de soi-même. On a de la fièvre plein les tempes et de l’angoisse partout. On est crispé. Mais on marche quand même, bien aligné et avec calme. Il n’y a plus de chef galonné. »
L'auteur : Blaise Cendrars (1887-1961) est une figure majeure de la littérature du xxe siècle. Poète, romancier, journaliste, il a parcouru le monde et l’a retranscrit en une langue puissante et novatrice.
J'ai tué
suivi de
J'ai saigné
par Blaise Cendrars
Préface de Christine Lequellec-Cottier
ISBN 978-2-88182-942-0 ; mars 2015 ; 112 pages ; 8 €uros.