Fils de Berlin
Une ville prenante, tiraillée entre son passé et le futur, ne laissant personne indifférent : " Berlin était un de ses grands amours. Jakob aimait son dynamisme, son bruit et le fait que ce n'était pas un endroit où on pratiquait le non-sens" (p.145 ). Une métropole condensant les mille et unes tares du monde moderne : spéculation immobilière, primauté des investisseurs, gentrification reléguant les pauvres à la périphérie, galère des jeunes sans emploi ni réseau, etc. Tel apparaît le Berlin d'aujourd'hui dans ce roman initiatique dont le lecteur pourra tirer de nombreux enseignements. Au-delà du fossé persistant entre l'Est et l'Ouest, Karolien Berkvens décrit les nouvelles souffrances des édiles confrontés à l'insatisfaction des citoyens ( "Il se heurtait régulièrement à un mécontentement destructeur. Les citoyens étaient de plus en plus assertifs et prenaient rapidement la mouche..." ) (p.65). L'auteure reconstitue l'ambiance d'une grande métropole soumise au poids de l'histoire et des idéologies ( "Les Allemands de l'Est ne parlent pas de réunification mais de prise de contrôle", p. 104 ). Cet ouvrage riche soulève des questions actuelles en même temps qu'il plonge son lecteur dans une stimulante ébullition.
Présentation de l'éditeur :
"Où était Jakob Richter le 9 novembre 1989 ? À la maternité, au chevet de sa femme, Stephanie, qui s’apprêtait à accoucher ? Ou sur le Mur de Berlin en train de s’écrouler ? Dans son souvenir, il se trouvait aux deux endroits à la fois, celui de la naissance et celui de la renaissance.Trente ans après, quoi qu’il en soit, son euphorie est retombée. Devenu membre du SPD, conseiller en urbanisme, Jakob doit naviguer entre les promoteurs immobiliers qui veulent faire de Berlin une vitrine pour riches et pour touristes, et les comités de riverains qui leur résistent. Fabian, lui, l’enfant de la chute du Mur, vient de rencontrer Isa, une activiste de la lutte contre le changement climatique, décidée à le sortir de sa torpeur et de son cynisme d’adolescent prolongé.Quant à Stephanie, la mère, victime d’un accident en 2001, c’est du fond de son coma éveillé qu’elle assiste aux affrontements entre les deux hommes. Et Paula, la pimpante aide à domicile qui prend soin d’elle, et grâce à qui la famille tient debout tant bien que mal, vient d’annoncer qu’elle repart pour l’Italie…À travers l’histoire de cette famille atypique, éloquente, tonique, attachante, c’est le destin de Berlin qui se dessine. La ville blessée était unique au monde. Réparée, va-t-elle ressembler aux autres ? Comment vivre ensemble quand l’histoire commune ne suffit plus ? De quoi se parler quand on n’est pas d’accord sur l’essentiel ? Comment rester soi-même dans un décor bouleversé ?"
L'auteure : Karolien Berkvens est née en 1986 aux Pays-Bas. Elle a étudié le théâtre à l’université d’Amsterdam et elle est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre. Son premier roman (traduit en allemand), Het Uur van Zimmerman, est paru en 2015 et a été nominé pour le prix de littérature Dioraphte. Elle a découvert Berlin en venant y passer des vacances avec son mari, qui y avait étudié. Petit à petit, au fil des séjours, elle s’est passionnée pour l’évolution de la ville, au point de partager aujourd’hui sa vie entre Berlin et Amsterdam, et d’en faire le personnage principal de son deuxième roman.
Fils de Berlin
par Karolien Berkvens
Traduit du néerlandais
par Emmanuèle Sandron
https://www.editions-globe.com/
Isbn : 978-2-211-30444-3 ; février 2020 ; 300 pages ; 22 €