Eclairs lointains.
"Nous avons été aveugles dans notre obéissance. Nous ne sommes pas innocents..." ( p.501). Ce livre nous plonge dans le "Kessel", le "chaudron" de Stalingrad, en révélant toute l'ampleur des doutes et du désespoir des combattants de la 6ème armée allemande. Remarquablement édité et "post-facé" par l'universitaire Carsten Gansel, il nous narre l'histoire rocambolesque du futur best-seller vendu à plus d' un million d'exemplaires en Allemagne. D'abord confisqué à la frontière soviétique, il fut, dans un premier temps, partiellement restitué au cours de séances d'hypnose financées par le magazine ouest-allemand Quick, ce qui ne manqua pas de causer des déboires ultérieurs à Heinrich Gerlach - le psychiatre ayant ensuite réclamé une partie des droits d'auteur... Enfin, Carsten Gansel retrouva le manuscrit complet en février 2012 au fin fond des archives soviétiques - d'où le mérite de cette parution critique intégrale. Nombreux documents d'archives à l'appui, elle renouvelle et amplifie l' intérêt historique majeur du roman d'Heinrich Gerlach.
Puissant et profond à la fois, ce récit épique ne se limite pas à dessiller notre regard : doublé du "mini-roman" rédigé par Carsten Gansel, il permet au lecteur de tirer de nombreux enseignements.
Présentation de l'éditeur :
"Écrit pendant sa détention par un officier allemand prisonnier des Soviétiques, Éclairs lointains retrace l’enfer du « chaudron » de Stalingrad vu à hauteur d’homme – à la hauteur de tous ces soldats, officiers et sous-officiers d’emblée voués à l’anéantissement. Car l’ennemi, ce ne sont pas seulement les terribles orgues de Staline, mais aussi le froid, la faim, la décrépitude physique, la démoralisation, la perte de tout sentiment humain. Gerlach réussit ce tour de force d’être à la fois dans l’histoire immédiate, celle de la politique nazie et de ses conséquences désastreuses, et dans l’histoire de l’humanité : son objectif est bel et bien de dire que les hommes ne sont pas là pour s’entre-tuer. Et il le fait avec un talent de romancier tout à fait exceptionnel. De son expérience de première main et des récits de ses compagnons de captivité, il tire une « fiction » âpre, bouleversante de crudité, de rudesse et de tendresse mêlées, étonnamment sensible aux beautés d’une nature exposée aux ravages des armes. Éclairs lointains est un roman miraculé. Il a été confisqué par les services secrets soviétiques en 1949. Mais, incapable de renoncer à le publier, l’auteur, une fois libéré, fait appel à un médecin pratiquant l’hypnose pour « retrouver » son texte. Il lui faudra plusieurs années pour le réécrire. Une version « abrégée » paraîtra en 1957. Cependant, l’histoire n’a pas dit son dernier mot : au début des années 1990, l’universitaire allemand Carsten Gansel retrouve le manuscrit original dans les archives russes. L’oeuvre de Gerlach aura survécu aux aléas de l’Histoire et s’impose désormais comme un témoignage incontournable, écrit dans l’urgence alors que la guerre fait encore rage, et comme un roman hors du commun qui est bien entendu devenu un best-seller en Allemagne."
L'auteur : Après avoir été officier à Stalingrad et prisonnier de guerre, Heinrich Gerlach ( 1908-1991 ) est libéré en 1950. Il retourne en Allemagne pour devenir professeur. Il publiera deux livres de son vivant : l'Armée trahie ( version abrégée d' Eclairs lointains ) en 1957, et Odyssée en rouge en 1966, un témoignage sur ses années de captivité.
Eclairs lointains. Percée à Stalingrad.
Par Heinrich Gerlach.
Traduit de l'allemand par Corinna Gepner
Editions, postface et appareil critique
par Carsten Gansel
Isbn : 9782843378515 ; août 2017 ; 635 pages ; 24 €uros.