1919-1921. Sortir de la guerre.
Achever la "Grande Guerre" et s'assurer qu'elle soit bien la dernière. "Gagner la paix". Tels étaient les voeux les plus chers des vainqueurs de 1918. Or, la complexité des conséquences du conflit s'avérait abyssale. Jean-Yves Le Naour ne se limite pas à dresser un portrait exhaustif de l'état du monde en 1919-1921 ; il clarifie l'imbroglio et le chaos régnant alors ; rien n'est oublié : les conséquences de la chute austro-hongroise et la balkanisation, la révolution allemande et le dépeçage de l'empire ottoman, la confrontation avec les exigences du président américain Wilson ou avec le bolchevisme ( "Négocier, combattre ou isoler ? " ), la révolution manquée en Italie ( "Biennio Rosso" en 1920 ), la récupération de l'Alsace-Lorraine et l'occupation de la Rhénanie, etc. Sans idéologie ni digressions futiles, l'auteur se penche sur les faits, rien que les faits. Il nous offre une somme remarquable de précision et d'analyse globale qui, au-delà du grand public, intéressera au plus haut point les passionnés d'histoire européenne. A lire sans faute pour éclairer le présent.
Présentation de l'éditeur :
"La paix introuvable.
En effet, outre la mauvaise volonté allemande, il faudra non seulement compter avec la diplomatie d’équilibre des Britanniques qui ne veulent pas trop affaiblir l’Allemagne au profit de la France, mais aussi avec les ambitions du président américain Wilson dont les principes démocratiques pour la reconstruction du monde – le droit des peuples, l’État-nation, la SDN… – privent les Européens de toute politique d’annexion.
Loin d’être à l’apaisement, les années d’après-guerre sont marquées par le trouble et l’incertitude. La guerre continue à l’Est, dans les pays baltes en 1919, entre la Pologne et la Russie de 1920 à 1921, entre les Turcs et les Grecs de 1919 à 1922, tandis que la guerre civile en Russie cause la mort de 5 à 7 millions de personnes. Surtout, le spectre de la révolution bolchevique, victorieuse en Russie, s’insinue de l’Allemagne à la Hongrie en passant par l’Italie. L’ennemi n’est plus tout à fait le germanisme, mais le bolchevisme, infiltré sous la forme des nouveaux partis communistes d’Europe. Un monde radicalement nouveau est né, une nouvelle ère idéologique coincée entre Wilson et Lénine, deux messianismes à côté desquels la France et la Grande-Bretagne ne tiennent plus le premier rôle. En ces années où prévaut l’illusion d’une paix durable, les instabilités, les aigreurs et les déceptions attisent déjà le feu de la revanche.
Clemenceau avait raison : il était plus difficile de gagner la paix que la guerre. Et la France, qui a gagné la guerre, a perdu la paix.
Jean-Yves Le Naour livre une étude brillante et rénovée – parfois iconoclaste – de cette tragique sortie de guerre, étudiant notamment le traité de Versailles, dont le grand perdant ne fut peut-être pas l’Allemagne, mais la France."