Livres Critique

La blessure. Sarajevo, la vie après la guerre.

 

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      Une blessure ? La Bosnie, ce pays enclavé dépuis la guerre fratricide de 92-95, ressemble plutôt à un baril de poudre. Comme pour la Syrie ou l'Irak, le bilan est sévère : "La Bosnie est rongée", explique l'auteur, "à chaque étage de la société, comme un immeuble infesté de termites de la charpente aux fondations" (p.50). Nombre d'habitants se souviennent de la Yougoslavie multinationale ; ils se sentent floués, comme Vesna Mustafic, citée par l'auteur : "A l'époque, il n'y avait pas la démocratie mais on se sentait libre. Puis, on a eu la soi-disant démocratie et on a prétendu que maltraiter l'autre, c'était bien" (p.77).   Comment ne pas regretter la douceur de vivre au temps de l'ex-Yougoslavie auto-gestionnaire, le camping libre dans les parcellaires antiques, les promenades du soir sur les paseos et les petits restos au bord de la plage ? Voire même, en remontant davantage le temps, l' Etat multinational d'Autriche-Hongrie... A mille lieues de là, ce reportage doublé d'une enquête de terrain  fait froid dans le dos tant les fossés se sont creusés. Que faire quand tout un pays est rongé par le démon effréné du nationalisme ? Hervé Ghesquière se garde d'apporter des réponses : son livre sonne, cependant, comme un avertissement. A lire sans faute pour mieux comprendre - et pourquoi pas, tenter d'extirper ? - le cancer qui pourrait  un jour détruire l'Europe.

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :

 

"« Je me demande ce qui se cache dans les secrets de l’âme de ces anciens combattants serbes. Ont-ils été témoins des crimes de guerre ? Acteurs du nettoyage ethnique ? Je m’interroge sur cette façon de nier et de travestir le passé. Pourtant, de longues enquêtes approfondies ont révélé des atrocités et des massacres à grande échelle. Après plus de vingt ans, je perçois au mieux le silence, au pire le mensonge. Je m’apprête à partir quand Srˉdan lâche : “Une nouvelle guerre est possible. Les Balkans sont un baril de poudre, et les Musulmans d’ici se sentent plus turcs que les Turcs.” Je songe à cette phrase lourde de menaces et imagine que le vétéran et quelques-uns de ses camarades ressassent chaque jour ces histoires de guerre au fond du bureau poisseux de leur association. L’avenir ne s’annonce pas radieux. »

(...) Hervé Ghesquière était à Sarajevo, en 1992, quand la Yougoslavie a explosé, marquant le début d’un des conflits les plus meurtriers de cette fin de siècle, en plein coeur de l’Europe. Vingt ans après, il est retourné sur ses traces, pour un périple de neuf mille kilomètres dans une Bosnie marquée au fer rouge de la guerre. Le nationalisme et la corruption n’ont cessé depuis de ronger un pays en proie au sectarisme et au populisme, qui mènent inévitablement au précipice. Un récit éclairant, à l’heure où l’Europe semble sombrer dans le repli identitaire."

 

 

L'auteur : Hervé Ghesquière est grand reporter à France 2. Il a couvert de nombreux conflits : ex-Yougoslavie, Cambodge, Rwanda, Irlande du Nord, Irak, Afghanistan. Il travaille aujourd’hui pour l’émission « Envoyé Spécial ». En 2012, il a publié 547 Jours, un récit relatant son expérience d’otage des talibans.

 

 

 

La Blessure.

Sarajevo, la vie après la guerre.

Par Hervé Ghesquière

Editions Don Quichotte

Accueil DonQuichotte éditions

www.donquichotte-editions.com/

17 euros

ISBN : 978-2-35949-482-2 ; avril 2016 ; 220 pages ; 17 €uros.



26/04/2016
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